Forum « Les dictées »

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Michel Zévaco, Les Pardaillan, Extrait n°1

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Auteur Le 09/08/2015 à 08:49

FB

Bonjour à toutes et tous, est-il possible s'il-vous-plait, d'avoir plus d’explication sur,
"tout baigné" exprimé ici au participe passé, et non "tout baignait" à l'imparfait.
J'ai cherché comme d'habitude sur la toile pour comprendre mes erreurs, mais là,
j'ai rien trouvé, qui complète l'astuce de "vendait et vendu" qui distingue le participe de l'imparfait.
Merci d'avance et encore félicitation à toute l'équipe de Zen DICTÉE, pour ce site formidable, qui redonne goût aux dictées.
Auteur Le 09/08/2015 à 11:51

Julien

« Baigné » ou « baignait » : quel serait le sens de la phrase pour chacune de ces possibilités ?

Si « tout » était le sujet du verbe « baigner » conjugué à l'imparfait, quel serait le sens de « tout baignait de pureté » ? Pourrait-on changer le sujet et dire « je baignais de pureté » ? La phrase ne semblerait elle pas incomplète ? Il manquerait un complément d'objet direct : que baigne-t-on de pureté ? Qui ou quoi le sujet « tout » baigne-t-il de pureté ?

S'il s'agissait de l'expression « tout baigne » (ou « ça baigne »), signifiant « tout va bien », le verbe baigner serait intransitif, c'est-à-dire qu'il ne pourrait pas être suivi du complément d'objet « de pureté ». On peut dire « tout baigne ! » mais pas « tout baigne... de pureté » en conservant le sens de « tout va bien ».

S'il s'agit du participe passé, qui ou quoi serait « tout baigné de pureté » ? Réponse : le « léger azur d'un ciel d'avril » (ou tout simplement le « ciel d'avril » ? Ça ne changerait pas vraiment le sens et surtout, dans le cadre de la dictée, ça ne change pas l'accord ;-). Dans ce cas, la phrase a un sens.

Il faut donc bien opter pour le participe passé :

« son regard erra sur [...] le soyeux et léger azur d'un ciel d'avril, tout baigné de pureté, tendre comme un sourire de la vie maternelle et consolatrice. »

Modifié par Julien le 09/08/2015 à 11:55

Auteur Le 09/08/2015 à 13:29

roseine

Bonjour Julien et FB,

J’ajouterais que :

- Avec « tout baignait… », nous aurions très probablement un point ou un point-virgule après « ciel d’avril ». Le paragraphe (y a-t-il paragraphe ?) se terminerait par une sorte d’indépendante poétiquement emphatique du genre : « Tout baignait [dans] la pureté », ou « Tout baignait [dans] un océan de pureté » !!

- Car « Tout baignait [de] pureté » n’a pas de sens. On baigne son bébé, un animal, on se baigne soi-même, mais on ne (se) baigne pas [d’]eau, [d’]alcool ou [de] parfum… On s’en asperge, c’est tout !

- FB fait de « tout » un pronom indéfini, or ici « tout » est adverbe de quantité accolé à « baigné ». F.B., remplacez « tout » par « entièrement » et ça marche ! Le ciel aurait pu être « peu » baigné de pureté, mais non, il est « tout » = entièrement baigné de pureté…

- Dans le cas de figure où nous aurions : « Tout baignait dans la pureté, tendre comme un sourire de la vie maternelle et consolatrice. », il y aurait un problème avec « tendre ».

- 1) « tendre » apposé à « pureté » ? Sur le plan sémantique, une « pureté tendre comme un sourire… », c’est un peu tiré par les cheveux.

- 2) « tendre » apposé à « tout » ? Pourrait-on dire en changeant l’ordre des mots : « Tendre comme un sourire de la vie maternelle et consolatrice, tout baignait dans la pureté. » Non. Je ne crois pas qu’on puisse qualifier (par un adjectif qualificatif) le pronom indéfini « tout ». Pourrait-on dire : « Verdoyant, tout resplendissait dans mon jardin ? » Non.

- [ Sur ce point, je me pose d’ailleurs une question : Pourquoi « tout » pronom indéfini ne supporte-t-il pas d’adjectif ? alors qu’avec « certains », c’est possible : « Penauds, certains rebroussèrent chemin. » ?????? ]

- Enfin pour revenir à notre phrase, on perçoit que la volonté de l’auteur est de décrire et d’insister sur l’azur du ciel qui est « soyeux », « léger », « baigné de pureté » et « tendre comme un sourire de la vie maternelle et consolatrice »… !!
Il faut tenir compte du sens et du rythme de la phrase.

FB, est-ce que tout cela a pu vous aider ?


Personnellement, j’ai une remarque à faire sur cette dictée dans laquelle j’ai fait une faute qui ne me semble pas en être une.
En effet, j’ai écrit « entr’ouvrit » et non « entrouvrit », me fondant sur les dates d’écriture du roman : avant 1918 (date du décès de l’auteur). A cette époque, je ne pense pas qu’on bloquait le mot !

Qu’en pensez-vous, Julien ?
Auteur Le 09/08/2015 à 18:59

Julien

[Sur ce point, je me pose d’ailleurs une question : Pourquoi « tout » pronom indéfini ne supporte-t-il pas d’adjectif ? alors qu’avec « certains », c’est possible : « Penauds, certains rebroussèrent chemin. » ??????]

Je ne suis pas sûr de bien comprendre la question. Le pronom indéfini « tout » peut être caractérisé par un adjectif :

- « tout compris »
- « tout est bien qui finit bien »
- « tout est prêt »
- « tout bien pesé »

Dans votre exemple, l'adjectif est détaché et positionné en début de phrase, ce qui complexifie probablement l'exercice. Pour autant :

- « décus, tous sont partis »
- « vu d'en haut, tout semble plus petit »


Concernant « entr'ouvrir », il me semble que cette orthographe était déjà considérée comme vieillie avant la réforme de l'orthographe de 1990 (mais je ne saurais le vérifier).
À l'époque de la parution entre 1905 et 1918, je ne sais si l'emploi de l'apostrophe était l'unique règle communément admise, ou si les deux variantes orthographiques étaient autorisées. Les dictionnaires s'accordaient-ils tous sur ce sujet ?

En tout cas, aujourd'hui, l'usage de l'apostrophe semble fautif. Et s'il était tout de même attendu dans le texte de la dictée, il conviendrait, selon moi, de le préciser dans les difficultés.
Auteur Le 10/08/2015 à 07:24

FB

Merci à vous Julien et Roseine pour ces explications, elles me permettent d'ouvrir d'autres méthodes de raisonnements pour aborder les dictées. Mais, j'avoue que sur ce coup là ! et si j'ose dire ? tout, ne me paraît pas baigner de pureté aussi facilement que ça ; je vais y travailler. Merci encore pour la rapidité, avec laquelle vous avez répondu à ma question.
Auteur Le 12/08/2015 à 22:40

roseine

Bonsoir Julien,

Tout :
Vous avez complètement raison quand vous dites que "tout" pronom peut être affecté d'un adjectif ! Je ne m'explique pas mon erreur... Cela fait du bien de se voir corriger ! Merci...

Entr'ouvrir ou entrouvrir :

1887 : Dans le Nouveau dictionnaire A. Gazier, on trouve "entr'ouvrir"
1939 : Duhamel écrit "un jardin naïf s'entr'ouvre" (mais à la même date, Drieu La Rochelle écrit "j'allais entrouvrir")
1976 : Dans le Robert, on lit "entrouvrir", forme vieillie "entr'ouvrir"
2015 : Dictionnaire Lexilogos (web), on trouve les deux formes côte à côte "entr(')ouvrir, entrouvrir"
2015 : Dictionnaire Larousse (web), on trouve une seule forme "entrouvrir"

J'arrête là.
Julien, vous avez donc raison quand vous dites que l'orthographe "entr'ouvrir" était déjà considérée ancienne avant 1990.
Mais quand la forme bloquée est-elle apparue ? Je ne sais pas.

Conclusion : Pour notre dictée, l'idéal aurait été d'accepter les 2 formes, mais le logiciel n'admet peut-être pas deux versions d'un même mot.
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