Kim
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De quoi déculpabiliser tous ceux qui n'auront pas attribué le féminin d'"agglomération" à Trantor... (très aléatoire, je vous l'accorde, je me suis moi-même fourvoyée la première fois que j'ai fait cette dictée). Bon dimanche.
https://www.projet-voltaire.fr/culture-generale/genre-noms-villes-masculin-feminin/
Presque aussi énigmatique que le sexe des anges est le genre des noms de villes. Prenons Paris, par exemple. Diriez-vous qu’il est beau ou qu’elle est belle ? Certes, vous pouvez toujours éluder la question en utilisant des périphrases comme « la Ville Lumière » ou « la capitale ». Mais si c’est bien « Paris » que vous souhaitez employer, sachez que le genre des noms de villes n’est pas fixé dans l’usage. Autrement dit, vous rencontrerez à la fois le masculin et le féminin au gré de vos lectures. Voici néanmoins quelques éléments pour vous aider à vous décider.
Jadis, les noms de villes étaient de genre féminin. Par exemple, Ma belle Marseille est le titre d’un recueil de nouvelles publié par Carlo Rim en 1934. On peut également citer : La Baule, La Rochelle, La Haye, Alger-la-Blanche, La Nouvelle-Orléans, Vaison-la-Romaine, Louvain-la-Neuve, etc. Dans tous ces exemples, l’article, qu’il commence l’appellation ou qu’il la termine avec un adjectif, fait partie du nom de la ville et en révèle le genre.
Preuve architecturale de ce lien historique entre les noms de villes et le genre féminin : à Paris, place de la Concorde, ce sont des statues de femmes qui représentent les huit principales villes françaises (hors capitale) du XIXe siècle, à savoir Brest, Rouen, Lyon, Marseille, Bordeaux, Nantes, Lille et Strasbourg.
Cependant, dans Paris brûle-t-il ?, titre d’un film historique de René Clément, avec Jean-Paul Belmondo, « Paris » est de genre masculin. On aurait pu s’attendre à ce que le sujet de la phrase soit au féminin : « Paris brûle-t-elle ? » (sous-entendu : la ville de Paris brûle-t-elle ?). Eh bien non !
Désormais, les noms de villes demeurent féminins dans la langue littéraire mais sont masculins dans le langage courant, comme en témoigne cet autre exemple cinématographique : en 1953, Sacha Guitry réalise un film intitulé Si Versailles m’était conté… La terminaison du participe passé nous indique clairement que le nom Versailles est considéré comme étant de genre masculin.
En outre, un nom de ville est toujours masculin quand :
il est précédé des adjectifs « vieux », « nouveau » ou « grand » pour désigner des quartiers de la ville ou son extension : le vieux Nice, le grand Londres ;
il est précédé du déterminant « tout » ou « le tout » (signifiant « l’élite de la société de … ») : « Tout Venise s’insurgeait à cette nouvelle », « Le Tout-Paris », expression qui tend malheureusement à disparaître au profit des anglicismes jet-set, show-biz ou people ;
il est employé par métonymie, pour un événement, une équipe sportive ou, s’il s’agit d’une capitale, le gouvernement du pays : « Marseille a été battu 3 buts à 1 », « Washington se tient prêt à intervenir ».
Néanmoins, au sein de la même expression, une variante masculine et une variante féminine peuvent coexister. Le proverbe d’origine latine Rome ne s’est pas faite en un jour est devenu, appliqué à la capitale française, Paris ne s’est pas fait en un jour. Dans le doute, c’est toujours le masculin qui l’emporte. Ne prenez pas la mouche, Mesdames, en grammaire française, ce genre est neutre !
Sandrine Campese |