jeanpaul31
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Bonjour
Je me permets de joindre un court extrait de l'article relatif à la ponctuation extrait du Dictionnaire universel Larousse du XIXème siècle que j'ai mis en « copié collé ». Il me parait intéressant car il concerne les démêlés d'un auteur, Georges Sand, dont nous avons eu une dictée sur ce site récemment, avec ses éditeurs. J'aime bien ce dictionnaire car il est rempli d'anecdotes en tous genres.
« Les règles que nous venons d'exposer sont des règles fixes; basées sur la syntaxe, elles n'admettent ni la fantaisie ni le caprice. Cependant quelques écrivains, ne s'en rendant pas un compte exact, croient qu'on peut s'en exonérer; que la ponctuation, comme le style, est une affaire individuelle, qu'elle peut varier, suivant le caractère et le tempérament du talent. Mme Sand, qui a une ponctuation à elle et qui fait souvent la guerre aux protes de ses éditeurs lorsqu'on change, dans le livre, celle de ses manuscrits, a essayé de soutenir cette thèse; elle n'y a pas réussi. Ainsi, elle proscrit absolument l'usage du double point, sauf devant une citation ; dans tous les cas, elle le remplace, soit par une simple virgule, soit par un point et virgule. Quelques écrivains ont également admis cette règle, trouvant le double point trop sentencieux, trop doctoral. Son emploi cependant se justifie, comme nous l'avons expliqué plus haut, lorsqu'il y a entre deux membres de phrase une opposition tranchée, que la virgule ne marquerait pas suffisamment, ou lorsqu'une dernière proposition résume et condense les propositions précédentes. Toutefois, ce n'est là qu'une nuance et, de toutes les règles de ponctuation, celles qui concernent le double point semblent être les plus facultatives.
Une autre réclamation de Mme Sand, formulée dans ses Impressions et souvenirs (1873), est beaucoup moins heureuse. « Beaucoup de virgules que l'on place avant « qui » sont superflues, dit-elle, et ralentissent le mouvement. » Elle cite les phrases suivantes « Elle s'approcha de la lampe, qui finissait de brûler. Je confiai le message à cet homme, qui me parut honnête et elle propose de supprimer les virgules comme inutiles et fatigantes. Ces exemples, choisis par Mme Sand pour le besoin de sa cause, combattent précisément contre elle, et c'est ce que le journal l'imprimerie, rédigé par des protes, a fort bien relevé (no de juillet 1873). La suppression de la virgule constituerait une lourde faute. Dans le premier exemple, en enlevant la virgule, la phrase signifierait : Elle s'approcha de la lampe qui finissait de brûler, par opposition à d'autres lampes encore dans tout leur éclat; et ce n'est pas du tout ce que veut dire l'auteur. Dans le second cas, on aurait : Je confiai le message à cet homme qui me parut honnête, c'est-à-dire à l'homme que vous savez, qui me parut honnête dans d'autres occasions; et ce n'est pas non plus ce que veut dire l'auteur. Il y a là une règle fixe qui ne dépend pas des caprices de l'écrivain ; il faut une virgule devant « qui » toutes les fois que la proposition incidente est une pure explication, un développement non indispensable ; il n'en faut pas lorsqu'elle détermine la signification du membre de phrase ou du mot précédent. Par conséquent, la suppression de la virgule rendrait déterminative une simple proposition incidente; elle fausserait complètement le sens. Cette petite discussion montre suffisamment quelles nuances délicates peut rendre une bonne ponctuation. » |